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les forçats du mariage

à Étienne Moriceau. Dès que vous serez tout à fait guérie, je vous présenterai celui que, dans ma pensée, je vous destinais.

Juliette laissa échapper un soupir de soulagement.

— C’est bien, merci ! dit-elle. Au revoir.

Elle lui fit un signe de la main.

Il comprit et se retira.

Il se rendit immédiatement chez Étienne.

— Je viens, lui dit-il, vous entretenir d’une affaire grave. Il m’est venu, cette nuit, à votre sujet, une idée lumineuse.

— Vous excitez ma curiosité. Voyons cette idée.

— Non-seulement je me marie ; mais ce qui va vous surprendre davantage, reprit Robert gaiement, je me fais courtier de mariage.

— En effet, d’après les toasts que je vous ai entendu porter l’autre jour…

— Et c’est vous que je songe à marier, interrompit le comte de Luz. Comme je vous ai vu jaloux de mon bonheur, je veux faire le vôtre. Je connais une femme, une perle.

— Je me défie des femmes que vous connaissez, beau prince, repartit Étienne avec un sourire sceptique.

— Mon cher Moriceau, je vais faire tomber d’un mot cette défiance : J’ai aimé la mère… — ne souriez pas — d’une pure affection. J’avais alors vingt-deux ans ; et je lui jurai à son lit de mort de protéger