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les forçats du mariage

avoir une femme à aimer, une femme à moi, et des enfants surtout, de petits mioches qui me sauteraient sur les genoux, il m’en vient des larmes aux yeux.

Robert éprouvait une sorte de remords d’abuser ainsi cet homme bon et candide.

— Pauvre garçon ! pensait-il, s’il épouse Juliette, il pourrait bien encourir le même sort que son père. Bah ! après tout, la vie est ainsi faite : les uns bourreaux, les autres victimes.

— Alors, à quand la première entrevue ? demanda Étienne.

— Je me marie demain. Dans quelques jours, je vous préviendrai.

En quittant Étienne, il se rendit de nouveau rue de Provence.

— Vous m’avez paru si triste tout à l’heure de mon départ, dit-il à Marcelle, que je reviens dîner avec vous. Et puis, j’ai hâte de vous communiquer un beau projet. Nous avions décidé, n’est-ce pas, de partir après-demain pour l’Italie ?

— Oui, mes malles sont déjà prêtes.

— Eh bien ! je viens vous faire une autre proposition qui m’a été inspirée tout à l’heure par ce beau printemps.

— Quoi donc ?

— C’est aujourd’hui le 1er mai. En allant vers le Midi, nous trouverions peut-être une chaleur insupportable. Puis les chemins de fer, les hôtels,