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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/45

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Je ne veux pas le revoir ! fit-elle avec force, j’ai peur ! Tu reviendras demain, n’est-ce pas, Ionitza ? tu ne me quitteras plus ! Il me semble qu’il va revenir ! murmura-t-elle.

Elle s’accrochait aux vêtements d’Isacesco et l’effroi se lisait dans ses yeux hagards qui regardaient le vide.

— Quand tu ne seras pas là, que ferai-je ? dit-elle.

— Ne donne plus à boire aux chevaux des étrangers, répondit-il avec un sourire qui la calma.

— Moi, je ne t’abandonnerai plus, s’écria Zamfira en s’efforçant de paraître joyeuse, et, à nous deux, nous viendrons bien à bout de ce terrible Cosaque !

— Crois-tu ? fit Mariora timidement.

Baba Sophia rentra. La nuit était tout à fait tombée. Isacesco prit congé des deux jeunes filles et, tandis que Mariora jurait, pour la centième fois, une amitié éternelle à Zamfira, le dorobantz marchait aux rayons de la lune.

Mais, au lieu de prendre le sentier qui menait à la chaumière du vieux Mané, il suivait la route de Bucharest.

IV

Un bal tragique.

Le boyard Androclès Comanesco avait soutenu toutes les causes, appartenu à tous les partis, servi tous les gouvernements. Il passait pour un des plus riches propriétaires du pays, et Domna Rosanda, une Serbe qui lui avait apporté en mariage une beauté merveilleuse, — ce qui est bien — et une forte dot — ce qui est mieux