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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/95

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Ce vers du poète ne trouve nulle part mieux son application qu’en Russie.

Le recensement des régiments de dorobantzi fut effectué sur-le-champ : deux hommes manquaient à l’appel ! Le colonel Leganesco, à qui cette charge incombait, organisa une enquête sévère dont le résultat établit qu’outre la peine ignominieuse du fouet qu’ils avaient soufferte, les deux soldats subissaient encore un emprisonnement qui se prolongerait jusqu’à ce que les autorités supérieures ordonnassent la mise en liberté de ces malheureux. Le lieu de leur incarcération n’avait pu être découvert.

Ce grave incident eut pour effet de raviver l’animosité que les Roumains nourrissaient à l’égard de leurs alliés depuis l’entrée en campagne. Certes, les griefs des Moldo-Valaques étaient sérieux ; les humiliations de tous genres ne leur avaient pas été épargnées ; le mauvais vouloir des Russes se manifestait à la moindre occasion et les questions de préséance étaient invariablement résolues en faveur de ces derniers qui donnaient le sobriquet ridicule de « soldats de fer-blanc » à ceux dont la valeur militaire devait les sauver un mois plus tard !

Plusieurs officiers roumains, faisant partie du même régiment que les deux offensés, provoquèrent des officiers russes en duel, et, pendant plus de trois jours, on se battit à l’épée au pied des fortifications.

Dans une réunion solennelle qui se tint chez Leganesco, il fut décidé qu’une demande en réparation serait adressée au grand-duc Nicolas. Le général Cerneano tenterait d’obtenir une audience. Leganesco composa la requête avec un brio tout roumain qui eût mieux convenu à un morceau d’éloquence qu’au simple rapport d’un colonel, et le secrétaire Zaharios, qui avait retrouvé l’usage