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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/96

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de ses jambes, traça de sa plus belle écriture les noms d’Aurelio Comanesco et d’Ioan Isacesco.

Cerneano, ayant reçu sa lettre d’audience, se rendit au quartier général russe, non sans avoir fait pratiquer de nombreuses coupures dans le manuscrit de Leganesco qui, n’écoutant qu’une légitime indignation, avait, en différents passages, méconnu les lois de cette politesse de cour dont on doit user envers les grands-ducs.

L’entrevue ne fut pas longue. Dès que les Russes eurent reconnu un officier roumain, toutes formes cérémonieuses furent supprimées ; un Cosaque poussa, pour ainsi dire, Cerneano dans une salle basse qui servait d’antichambre et, après une demi-heure d’attente, on introduisit le général dans les appartements du grand-duc.

Les appartements du grand-duc ressemblaient beaucoup trop à ceux de l’aga prévaricateur dont nous avons parlé. Il y avait là un ramassis d’objets d’art, de meubles de luxe rassemblés à la hâte et de provenances les plus diverses. Toutes ces belles choses dépareillées avaient si bien l’air de n’être qu’une part de butin que leur vue faisait songer au sac d’une ville.

Non loin d’une table sur laquelle se trouvaient quelques brochures traitant de stratégie, de menus objets à l’usage d’un fumeur et un verre d’eau, Nicolas Nicolaewitch était étendu dans un fauteuil qui avait appartenu à un négociant anglais habitant Nicopolis. Le prince ne paraissait pas avoir plus de quarante-cinq ans ; une expression de hauteur calme, qui imposait à tous ceux qui l’approchaient, était répandue sur ses traits, beaucoup plus réguliers que ceux du Tzar et des grands-ducs Constantin et Michel.

Il écoutait la voix monotone d’un aide de camp blond et rose qui lisait un article du Golos. Cette lecture ne