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Il y a beaucoup de biens (qualités) dans la femme, mais il est si bien caché,
Qu’à grand’peine peut-on (ou pourrait-on) les apercevoir.
Leur foi ressemble à la maison de Dédale ;
Quand on y est entré, on n’en peut sortir.

En toute chose la femme a des désirs variables ;
Par nature elle est portée à faire les choses qu’on lui défend le plus.
Elle pense une chose et en dit une autre ; tantôt elle veut, tantôt elle se repent d’avoir voulu.
Elle est ferme en ses résolutions, comme la fumée au vent (chassée par le vent).

xi. b. — C : Par nature velt faire tout quan qu’on leur defent. Jubinal lit à tort défend. Quanque = quantum-quod.

xi. c. Velt (forme régulière). C. donne veust. Je ne m’explique cet s adventice que par la manie pédantesque du scribe du xve siècle.

xi. d. — C : En son propos se tient com le cochet au vent.

Jubinal imprime comme, qui fait le vers faux, et qui, d’ailleurs, n’est pas dans le ms.

Ce vers du ms. C donne un sens bien moins satisfaisant que celui de A :

En son propos est ferme com est fumee o vent.

C’est sans doute une erreur de lecture du scribe de C, qui, copiant, un ms. similaire de A, a interprété à sa façon un accident d’écriture assez curieux. Le ms. A porte entre les mots com et est le signe d’abréviation qui signifie com, et que le scribe y a mis sans s’apercevoir qu’il avait déjà écrit com en toutes lettres. Le scribe de C a pris ce signe comme s’il devait être réuni à est et a lu cochet, interprétant largement le signe en question qui s’emploie ordinairement pour co, con ou com. Puis il a ajouté l’article pour faire le vers, supprimant le mot fumée, qui faisait un non-sens. Je donne cette explication pour ce qu’elle vaut.

N.B. - Ce couplet est indiqué par M. Jubinal comme spécial au ms. C, qui le contient en effet (v. C. xxiii). Mais il est aussi dans A. Quoique M. Jubinal signale l’existence du ms. A, et en cite deux couplets en note, il ne parait pas l’avoir sérieusement étudié. Car il commet la même erreur pour les couplets 8, 26, 13, 18, 10 et 21 du ms. C, qui correspondent aux couplets 8, 13, 16, 29, 30 et 31 du ms. A, et par conséquent ne sont pas spéciaux à C, comme il le prétend. Je ne parle pas des couplets 9 et 11 de C, qui correspondent aux couplets 18 et 21 de C, puisque M. Jubinal ne connaissait pas le ms. de Dijon.

x. — Molt a de bien en feme. Bien est ici au régime singulier. Dans l’expression il (y) a, toujours employée avec ellipse de l’adverbe y, on traite, dans le v. fr., a comme un verbe actif, et le sujet réel se met au cas du régime.