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Page:Marie de Compiègne - L’évangile aux femmes.djvu/55

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Si une femme sait sur le compte d’un homme quelque chose de honteux ou de fâcheux,
Que ce soit pour elle comme non avenu., il ne faut pas s’en inquiéter (en douter) ;
Il peut se fier à elles sur ce point aussi sûrement
Qu’il pourrait aller avec des échasses sur un clocher.
 
Si elle savait sur le compte d’autrui quelque chose de honteux ou de blâmable,
Sachez en vérité que pour rien au monde elle n’aurait l’air de s’en douter,
Car elle le cacherait et refuserait de l’avouer, aussi volontiers
Qu’un coq irait pêcher un rousseau dans un vivier.
 
La femme est en loyauté et en douceur souveraine :
Car elle amène à une sainte fin tous ceux qui la croient,
Et jamais elle ne dirait rien dont un autre pût être peiné,
Pour autant d’or fin qu’il y a de queue dans une raine.


il y a choix ou alternative. La proposition dubitative se trouve ainsi assimilée pour la syntaxe à la proposition négative, ce qui arrive assez souvent en latin, mais en sens inverse. Ex. : ...nec rempublicam unquam violavit aut vexavit (aut pour nec). (Cicéron). Quelquefois même ne s’emploie dans des propositions affirmatives, mais qui présentent quelque chose d’indéterminé ou de général. Cf. A. XXX. a.

Quiconques voit en feme joliveté ne fieste.

xxi. 3. — Voir = vrai, de verus. Ne pas confondre avec voir, en vieux français veoir (dissyllabe).

xxi. 4. — Rocel = rousseau, ou tourteau, crabe très-bon à manger appelé aussi poupart ou peut-être aussi = roussie (raie bouclée qu’on appelle à Rouen ruchon. Mais rousseau convient mieux pour la forme.

xxi. 1. — Sovraine. Cette forme alterne avec la forme souveraine. €f. l’italien sovrano, du bas-latin superanus, dérivé de super.

xxii. l. On voit que les plaisanteries sur la queue de la grenouille ne sont pas nouvelles. Raine vient régulièrement de rana. L’orthographe picarde est ici plus exacte que l’orthographe française actuelle dans reinette. Le français grenouille (de ranuncula), d’abord sous la forme renouille (Marie de Compiègne a reinoilles, dans ses fables), puis, au xve siècle, sous la forme actuelle grenouille, par la prosthèse du g, semble avoir été plus répandu que raine, spécial au picard et peut-être au normand. Ainsi, Alarot dit quelque part :

Rane est latin ; escry donc autrefois.
Rayne en picard ou grenouille en françois.