Page:Marie de Compiègne - L’évangile aux femmes.djvu/85

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Que mal ne vient a lur Seignur.
Ceo funt li fol tut li plusur :
Parolent quant deivent taiser,
Teisent quant il deivent parler.

La fable suivante du recueil parle d’un renard qui tente d’engignier un pigeon ; mais ceci s’éloigne davantage de notre geline.

Est-il téméraire de supposer que la geline a pris la place du coq, dans les souvenirs du poète qui comparaît la bonne foi de la femme à celle du renard qui happe ou qui cherche à happer un volatile quelconque? La confusion est très-naturelle. Il faut donc admettre que l’auteur, quel qu’il soit, du second couplet que l’on rencontre dans les mss. C et D, a voulu désigner l’auteur de l’Ysopet par ces mots Marie de Compiègne. L’intention me semble d’autant plus manifeste, que la même expression se trouve déjà dans le premier couplet de CD.

Marie de Compiègne le conquist oultre mer,

et qu’on ne connaît point d’ailleurs de poète de ce nom au xiiie siècle, ni d’œuvre que l’on puisse attribuer à une Marie de Compiègne qui serait distincte de l’auteur des Fables et Lais. Un autre détail vient encore confirmer notre hypothèse. Dans le même ms. C, nous trouvons ce couplet (C. XI) qui lui est particulier :

Femme fait volentiers, ce semble, son povoir,
Afin qu’on ne la puisse par engin decevoir ;
Si a envis fait chose ou il n’ait grant savoir,
Com renart prend geline, quant il la veut avoir.

Il semble que l’auteur insiste ici, non sans malice et sans intention, sur cette comparaison du renard qui prend la geline, avec la femme toujours prête à user de ruse. Et notez que ce couplet, ainsi que les deux premiers, ne se trouvant pas dans les mss. antérieurs, c’est-à-dire dans ceux du xiiie et du xiv.