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LAI DE GUGEMER.

pas le maître, il donne l’ordre de s’emparer du coupable et de le faire mourir. Gugemer peu effrayé de sa menace, se saisit d’une grosse perche de sapin, sur laquelle on étendoit du linge ; par son assurance et son courage, il contient les assaillants qui n’osent avancer. Après l’avoir beaucoup regardé, le mari demande à Gugemer son nom, son pays, et comment il a fait pour s’introduire dans son château. Le chevalier raconta naïvement son aventure, depuis l’instant où il blessa la biche jusqu’à ce moment. Le mari doute de la vérité du récit qu’il vient d’entendre ; s’il trouve le vaisseau qui avoit amené le chevalier, il le forcera à se rembarquer sur le champ. Plût à Dieu, ajouta-t-il, que tu puisses te noyer ! En effet, s’étant rendus au port, ils aperçurent le bâtiment près du rivage ; Gugemer y entre, et la fée sa protectrice le conduit dans son pays.