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LAI DE GUGEMER.

chevaliers à sa suite qui furent parfaitement bien reçus et qui logèrent dans la tour. Dès qu’ils furent arrivés, Mériadus envoya deux chevaliers, prier sa sœur de descendre avec la belle dame à la ceinture. Elles entrèrent bientôt couvertes de riches vêtements, et se tenant par la main. Quelqu’un appella Gugemer, et sitôt que la dame qui étoit pâle et pensive, entendit nommer son amant, elle fut prête à défaillir ; elle fût même tombée à terre, si la jeune personne ne l’eût retenue. Le chevalier se leva à l’approche de sa belle, la regarda fixement et l’entraînant un peu à l’écart, il lui dit : Ne seroit-ce pas ma douce amie, mon bonheur, mon espérance, ma vie, la belle dame qui tant m’aima ? Mais d’où vient-elle ? Qui peut l’avoir conduite dans ces lieux ? Où s’égare ma tête ! Ce ne peut pas être elle. Souvent les femmes se ressemblent, et votre vue bouleverse toutes mes idées. Oh ! cette res-