Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/131

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LAI D’ÉQUITAN.[1]

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On ne sauroit exprimer combien les anciens Bretons de la petite Bretagne étoient nobles de vie et de mœurs. Ils avoient la coutume pour rappeler les belles actions, de mettre par écrit les aventures qui arrivoient de leur temps, ou qu’ils entendoient raconter. Lorsqu’elles offroient des faits intéressants, ils s’empressoient d’en faire un Lai, afin que l’exemple n’en fût pas perdu pour la postérité. En effet, celui-ci étant fort curieux, je veux qu’il ne soit pas oublié.

Je veux donc rapporter le Lai d’Equitan, Roi de Nantes, homme sage, courtois et loyal, que ses bonnes qualités avoient fait chérir de tous ses sujets. Par la raison qu’il aimoit l’amour et les plaisirs qu’il procure, il n’est pas besoin de demander s’il étoit bon chevalier. Equitan se livroit trop au plaisir d’aimer ce qui par-fois lui faisoit commettre

  1. Manuscrit du Museum Britannicum bibliothéque Harléiène, no 978.