Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
LAI D’ÉQUITAN.

surpris, sort du lit à la hâte, saute à pieds joints dans l’une des cuves ; pour son malheur il se précipite dans celle qui étoit remplie d’eau bouillante, et il y périt aussitôt. Ainsi le mal qu’il vouloit faire est entièrement retombé sur lui. Le sénéchal connut alors l’intrigue et les projets de sa femme : furieux d’avoir été trompé, il la prend et la jette, la tête la première, à côté de son suborneur. Ainsi périrent les deux amants, d’abord le prince, puis son amie. L’homme raisonnable verra par ce que je viens de raconter la vérité de cet argument : tel cherche le mal des autres qui en est atteint le premier.

De cette aventure, comme je l’ai dit, les Bretons ont fait le Lai d’Équitan et de la dame son amie.