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LAI DEL FREISNE

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Le lai del Freisne vus dirai
Sulunc le cunte que jeo sai[1].
En Bretaine jadis aveient
Dui Chevaliers, veisin esteient ;
Riches hummes furent è manant[2],
E chevaliers prux è vaillant.
Prochein[3] furent d’une cuntrée,
Chescun femme aveit espusée ;
L’une des Dames enceinta
Al fin qu’ele délivera10
A cele feiz ot deus enfanz
Sis Sires est liez è joianz ;
Pur la joïe que il en a,
A un bon veisin le manda,
Que sa femme ad deus fiz éuz,

  1. Ce lai paroît être du nombre de ceux que Marie avoit entendu réciter.
  2. Le mot manant formé de manere n’avoit point l’acception injurieuse que nous lui avons donnée. Il désignoit d’abord l’habitant d’un pays, d’une cité, puis un homme fort aisé, très-riche même, lequel possédoit des terres et des fiefs.
  3. Voisin, rapproché, très-près, du latin proximus.