Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
LAI DE LANVAL.

il raconta mot à mot la conversation qu’il avoit eue avec la reine, et la proposition qu’elle lui avoit faite ; mais il reconnut la vérité de ce qu’il avoit dit à l’égard de sa dame, dont il avoit perdu les bonnes graces. Au surplus, il s’en rapportera entièrement au jugement de la cour.

Le roi toujours en colère, rassemble ses barons, pour nommer des juges choisis parmi les pairs de Lanval. Les barons obéissent, fixent le jour du jugement, ensuite ils exigent qu’en attendant le jour indiqué, Lanval se constitue prisonnier, ou bien qu’il donne un répondant[1]. Lanval étranger, n’avoit point de parents en Angleterre ; étant dans le malheur, il n’osoit compter sur des amis, il ne savoit qui nommer pour répondant, lorsque le roi lui eut annoncé qu’il en avoit le droit ; mais Gauvain alla sur-le-

  1. Les plèges étoient des seigneurs qui se rendoient caution d’un accusé dont ils répondoient. Celui-ci conservoit sa liberté, et par conséquent avoit toute la facilité de prouver son innocence. Voy. le Grand d’Aussy, Fabliaux, in-8o, tom. I, p. 14.