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LAI D’YWENEC.

rore paroissoit à peine. La dame s’étoit réveillée et savoit qu’elle étoit seule. Pensant à son ami, elle veut le voir, lui parler, et son desir est aussitôt accompli. Il vient en volant contre la fenêtre, et sitôt qu’il s’appuie dessus, les broches se referment et le blessent dangereusement ; l’une lui entre dans le corps, et son sang coule de tous côtés. Lorsque le chevalier s’aperçoit qu’il est blessé à mort, il entre malgré le piége, et va contre le lit de la dame qu’il inonde de son sang. Elle considère les plaies de son ami, et ne peut revenir de sa surprise et de sa douleur. Tendre amie, c’est pour vous que je meurs. Je vous avois bien prévenue du sort qui m’étoit réservé. En écoutant, son ami, la dame perdit connoissance et fut long-temps évanouie. Lorsqu’elle fut revenue, le chevalier la console ; il la supplie de ne pas trop s’affliger, parce qu’elle est enceinte d’un fils qui fera sa consola-