Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
LAI D’YWENEC.

La Dame est en la ville entrée.
Tuz-jurs après le sanc nuvel,
Parmi le Burc dusc’ au Chastel,
Unques nulz à lui ne parla,
N’ome, ne fame, ni trova.380
El palès vint, l’épuiement[1]
De sanc le truva tut sanglant :
En une basse chambre entra,
Un Chevalier dormant truva ;
Nel’ conut pas, si va avant
En une altre chambre plus grant ;
Un lit i truve, nient plus,
Où uns Chevaliers gisoit sus ;
Elle s’en est outre passée
En la tierce chambre est entrée,390
Le lit sun Ami a truvé.
Li pécol sunt d’or esméré ;
Ne sai mie les dras prisier,
Les cierges è li chandelier,
Qui nuit è jur sunt alumé ;
Valent tut l’or d’une cité.
Si tost cum ele est là venue,
Li Chevaliers l’a conéue,
Avant ala tute effrée,[2]
E deseur lui chaï pasmée.400
Cil la reçoit qui forment l’aime,
Maleuérox suvent se claime ;
Quant del’ pasmer fu trespassée

  1. Je soupçonne que ce mot épuiement qu’au surplus je trouve ici pour la première fois, signifie la rampe d’un escalier ou les premières marches d’un péristyle.
  2. Ici commence le fragment qui se trouve dans le manuscrit no 7989 ² f° 47.