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LAI D’YWENEC.

On célébroit à Carlion et en plusieurs autres villes la fête, de saint Aaron. Selon la coutume du pays, le mari, outre plusieurs de ses amis, s’y rendit avec une suite nombreuse, sa femme et le jeune Ywenec. Connoissant peu la route qu’ils devoient tenir, ils avoient avec eux un jeune homme qui dirigeoit leur marche, et qui les conduisit dans une ville superbe qu’ils ne connoissoient pas. On y distinguoit une riche abbaye où le jeune homme qui les guidoit les fit loger. La société fut reçue et traitée dans la chambre même de l’abbé. Les voyageurs préviennent qu’il partiront le lendemain à l’issue de la messe. L’abbé les conjure de vouloir lui accorder la journée. Il veut leur montrer les salles du chapitre, le réfectoire, les appartements ; et, en raison de ce qu’ils avoient été parfaitement reçus, les voyageurs consentent à prolonger leur séjour.

Après le dîner, les étrangers visitant la maison, et entrent dans la salle du chapitre. On y voyoit un grand tombeau couvert d’une tapisserie précieuse richement brodée en or en haut, en bas et sur les côtés. Le tombeau