Aller au contenu

Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
361
LAI DE MILON.

vouerai que j’ai beaucoup voyagé, que je me suis trouvé, à nombre de combats, de guerres, de tournois, et que jamais je n’ai quitté les étriers. Tu m’as abattu à la joute, et partant je dois particulièrement t’estimer[1]. Mon père, répondit le jeune homme, est né, je crois, dans le pays de Galles, et il se nomme Milon. Il aima la fille d’un homme riche qui accoucha secrètement de moi. Dès ma naissance j’ai été envoyé dans la Northumbrie, où j’ai été élevé chez une vieille tante qui prit le plus grand soin de mon enfance. Lorsque j’eus atteint l’âge, elle me donna des armes, un cheval, et m’envoya dans ce pays, où je suis depuis longtemps. J’ai le projet de passer la mer pour me rendre dans ma patrie, afin de savoir comment l’auteur de mes jours se comporte avec ma mère. Je lui montrerai son anneau d’or et je lui donnerai tant de renseigne-

  1. Une aventure-à-peu près semblable se trouve dans le roman d’Hildebrand et d’Hadubrand son fils. Voy. Etat de la Poésie Françoise dans les XIIe et XIIIe siècles, p. 52 — 55.