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LAI DU CHÈVREFEUILLE.

le cortège sous prétexte de profiter de la beauté du lieu et de se reposer. Elle défend de la suivre, ses ordres sont exécutés et bientôt elle est loin de sa suite. Son amie Brangien[1], la confidente de ses amours est la seule qui la suive. À peine entrée dans le bois, Yseult vit devant elle celui qu’elle aimoit plus que la vie. Dieu ! quel bonheur, et que de choses à se dire après une aussi longue absence ! Elle lui fait espérer un prompt retour, et d’obtenir sa grace auprès du roi son époux. Combien j’ai souffert de votre exil ! Mais, cher ami, il est temps de nous quitter et je ne le puis sans répandre des pleurs. Adieu, je ne vis que dans l’espérance de vous revoir bientôt. Yseult alla rejoindre sa suite, et Tristan retourna dans le pays de Galles, où il demeura jusqu’à son rappel. De la joie qu’il avoit éprouvée en voyant son amie, et du moyen qu’il avoit inventé à cet effet, de la promesse qu’elle lui avoit faite, de tout ce qu’elle lui avoit dit, Tristan qui pinçoit supérieurement de la harpe en fit un Lai nouveau.

  1. Confidente et l’amie d’enfance d’Yseult la blonde, à laquelle elle donna une grande marque de son attachement.