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LAI DE GRAELENT


près de moi et que je veux lui abandonner mon amour. Ah ! quel don précieux vous lui faites, reprit le chambellan, je ne doute pas de la joie que lui causera une nouvelle aussi flatteuse. Il n’est si bon abbé, s’il venoit à voir votre beau visage, qui ne fût tenté de violer ses serments. Le chambellan part et se rend chez le chevalier : après l’avoir salué, il s’acquitte de sa mission et le prie de vouloir venir parler à la reine le plus promptement possible. Graelent lui répondit : Allez m’annoncer, cher ami, je pars. Il s’apprête et monte sur un beau cheval d’Afrique, suivi d’un seul chevalier. Arrivés au château, ils descendent dans la salle et passèrent chez le roi avant que d’entrer dans les appartements de la reine. Dès qu’ils paroissent, elle vient au devant d’eux, puis serrant le chevalier dans ses bras, elle l’embrasse étroitement et le fait asseoir à ses côtés sur un tapis[1]. Grae-

  1. Cette coutume de s’asseoir sur des lits et sur des tapis est fort ancienne. Voy. Le Grand, Fabliaux in-8o, tom. I, p. 94, tom. II, p. 208. Joinville, Histoire de St. Louis, édition de 1761, p. 14. Le Roy.... fesoit estendre tapis pour nous seoir entour li.