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LAI DE GRAELENT

ture. S’étant mis à la fenêtre pour regarder de loin encore la forêt témoin de son bonheur, il voit venir de son côté un varlet qui conduisoit un superbe cheval. L’écuyer arrive à l’hôtel de Graelent, s’empresse de descendre, de venir au-devant du chevalier et de lui présenter ses salutations. Graelent demande au varlet son nom, sa qualité, et le lieu d’où il venoit. Sire, n’en doutez pas, je suis messager de votre amie ; elle me charge de vous présenter ce beau coursier et m’a recommandé de demeurer avec vous. J’acquitterai vos dettes, et prendrai soin de votre maison. À cette nouvelle, Graelent ne se sent pas de joie il embrasse l’envoyé de sa mie et reçoit avec le plus grand plaisir les présents que lui fait son amie. Vous n’avez jamais vu sous les cieux un aussi beau palefroi, aussi vif et aussi bon coureur. Il en fera sa monture ordinaire et abandonnera son cheval de classe au varlet. L’écuyer monta dans l’appartement la malle qu’il avoit apportée avec lui ; l’ayant ouverte, il en tira d’abord une très-belle couverture d’une riche étoffe garnie