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LAI DE GRAELENT

reine en beauté. Le monarque lui-même, souscrivit à cette décision et proclama que Graelent étoit acquitté.

Pendant qu’on le justifioit, le chevalier songeoit aux moyens de suivre sa mie ; dans cette intention, il se fait amener son beau cheval blanc. La fée ayant rempli le but qu’elle s’étoit proposé, demande et prend congé du roi, monte sur son cheval et part suivie de ses pucelles. Elle traverse la ville au grand galop. Graelent court après sa belle en lui demandant grace ; mais la fée ne répond pas un mot et continue sa route, sans vouloir donner la moindre attention aux prières de son amant. À force de cheminer, la fée arrive à la forêt, la traverse et vient contre une rivière dont les eaux étoient d’une transparence extrême ; elle prenoit sa source dans une lande et alloit arroser une partie du bois. La fée pousse son cheval dans l’eau et le chevalier veut en faire de même. Retire-toi, Graelent, lui dit-elle, fuis ; car tu es assuré, si tu entres dans l’eau de te noyer ; il ne tient compte de cet avis et se précipite dans la rivière.