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LAI DE GUGEMER.

La pucelle retourne aussitôt vers sa tante et lui fait part de ce qu’elle venoit de voir. La dame répondit : Retournons sur le champ au vaisseau, et si le chevalier a cessé de vivre, nous le ferons ensevelir par notre vieux chapelain. Dès qu’elle fut entrée dans le bâtiment, la dame aperçut le chevalier dont elle plaignit le malheur, et déplora la perte. Elle s’avance, lui met la main sur le cœur, et le sent battre. Aussitôt Gugemer se réveillant, salue la dame qui pleuroit ; celle-ci s’empresse de lui demander quel est son nom, sa patrie ; par quel hasard il est venu dans ce pays, et enfin s’il a été blessé à la guerre. Madame, dit-il, je vais vous dire la vérité toute entière. Je suis de la petite Bretagne ; étant allé chasser hier, je blessai une biche blanche ; la flèche revenant sur elle-même, est venue me frapper la cuisse