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néral français aux états-majors des armées alliées. Et son récit de fête se termine par un mélancolique adieu à la ville impériale, au Pékin d’autrefois, « l’un des derniers refuges de l’inconnu et du merveilleux sur terre, un des derniers boulevards des très vieilles humanités incompréhensibles pour nous et presque un peu fabuleuses. »

Les quelques mois d’hiver passés au Japon par le Redoutable nous ont valu La Troisième Jeunesse de Madame Prune, qui fait suite à Madame Chrysanthème comme Fantôme d’Orient fait suite à Azyadé. Il y a dans ce livre des charmants paysages du Japon et d’amusantes plaisanteries sur ses habitants que Loti continue à ne pas prendre au sérieux. C’est à son retour de Chine, que Loti reprend les notes de ses voyages en Perse et dans l’Inde. Il donne d’abord L’Inde sans les Anglais. Chargé de remettre au marajah de Travamore une décoration française. Loti avait visité, après Ceylan, l’Inde méridionale, puis Pondichéry, colonie presque abandonnée dont l’isolement mélancolique lui inspire quelques pages qui sont parmi les plus imprégnées de poésie de L’Inde sans les Anglais. Loti était, de là, remonté dans l’Inde affamée, qui lui apparaît magnifique et misérable avec, parmi ses décors fabuleux, un grouillement cauchemardesque de spectres émaciés.

Parvenu enfin dans Bénarès, la ville sainte, qu’avant lui Villiers de l’Isle-Adam seul avait su rendre avec une magnificence digne d’elle, il s’était arrêté chez les Théosophes de Bénarès avec l’espoir