Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/16

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vière chante sa chanson joyeuse auprès des aulnes aux feuilles sombres ; c’est à peine si l’on entend son rire doucement railleur qu’étouffe à demi la haie parfumée, et le vent lui répond en murmurant à la cime des peupliers un vieil air monotone, qui emplit le cœur d’une tendre et pénétrante tristesse.

Nul horizon lointain en ce pays qu’elle aima d’un si patient amour, ni rochers, ni montagne, ni forêt, mais seulement des prairies où méditent gravement les grands bœufs, des arbres, des landes fleuries d’ajoncs et de roses bruyères, des moulins cachés sous les vernes, et, tapissée de vigne, au bord des grandes terres fromentales, parfois une maison blanche à l’ombre d’un noyer.

Un grand silence règne que troublent seuls l’appel d’un berger ou l’aboi d’un chien, mais dans ce silence des bruits que font les hommes parlent sans cesse les mille voix des plantes,