Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/15

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siste, comme attaché aux lieux mêmes et aux choses, le vivant souvenir de George Sand. Tout ce pays est rempli d’elle ; il semble à chaque détour des chemins que va apparaître son visage qu’éclairaient d’un si caressant et mystérieux éclat ses grands yeux pensifs. Il est surtout une traine, au fond de la vallée, où j’ai cru entendre murmurer encore son âme dans les branches des vieux arbres ; c’est un chemin abandonné qui ne conduit nulle part : l’herbe y avait poussé, verdoyante et haute, au pied des peupliers ébranchés qui montent vers le ciel gris et des chênes taillés sans cesse qui marquent de leurs corps robustes et difformes les limites des champs. Dans une lande, au bord du sentier, s’étendait comme une nappe brodée par les fées la blanche floraison de l’aubépine, et sous le couvert des grands chênes, indomptés et forts, paissaient parmi les fleurs blanches des vaches blanches et rousses. La ri-