Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/19

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George Sand éprouvait l’impérieux besoin de n’être pas trop souvent ni trop violemment appelée hors d’elle-même. Il lui fallait pendant de longues heures vivre repliée sur soi, pensant à peine, tandis que se construisaient en elle, presque sans qu’elle y aidât, ces fictions merveilleuses où elle s’enchantait elle-même, et qu’elle oubliait dès qu’elle leur avait imposé, en les écrivant, une forme définie. Nulle part elle n’avait mieux cette liberté du rêve qu’en sa maison de Nohant.

De tous côtés, la vue est vite arrêtée. La maison est bâtie entre une cour, toute remplie de vieux arbres et que dominent de leur haute stature les grands ormes de la place, et une pelouse étroite où poussent des mélèzes, des cèdres et des hêtres. Du jardin fleuri, c’est à peine si l’on aperçoit quelques champs où seuls des buissons épars et de rares noyers trouent la nappe d’or des blés. Un petit bois,