Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/20

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encadré de grands tilleuls, et un verger, où l’herbe croît épaisse et haute, le séparent de la route de La Châtre. Quelle autre demeure mieux faite pour y vivre cette vie intérieure, cette vie close et à demi muette, où n’arrivaient qu’atténués, et comme amortis par l’éloignement, les bruits du dehors, la grande voix sonore et parfois discordante de Paris ?

George Sand se sentait vite s’échapper à elle-même au milieu des incessantes discussions de ses amis de lettres, des controverses des théoriciens politiques et des philosophes qu’elle fréquentait à la ville. Elle ne savait pas se désintéresser de ce qui se disait autour d’elle, elle écoutait passionnément ; on eût dit qu’elle voulait attirer en elle et faire sienne la pensée de tous ceux qui l’entouraient : philosophie religieuse, réformes sociales, botanique, géologie, esthétique pittoresque ou musicale, tout était bon à son insatiable curiosité. Mais elle ne