Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/34

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donner, c’étaient ceux que son imagination seule créait à tous ceux qui vivaient à son contact. Elle ressentait pour les fictions romanesques le même goût passionné que ressentira sa fille, mais c’était dans sa vie même qu’elle leur donnait place ; ce roman qu’elle rêvait et vivait à la fois était pour elle une inépuisable source d’émotions factices et le plus souvent douloureuses ; elle s’indignait parfois lorsque les autres ne les partageaient point. Tantôt cette mère à l’humeur inconstante n’aimait dans le monde rien autant que sa fille : elle lui faisait même un crime alors de ne se point brouiller à cause d’elle avec sa grand’mère, qui lui volait, disait-elle, le meilleur de son cœur ; tantôt elle ne répondait plus que par une affectueuse froideur à cette tendresse passionnée qu’elle s’était efforcée de développer chez l’enfant.

Déconcertée par ces alternatives étranges