Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais ce n’était pas dans les sèches leçons de mathématiques, que lui donnait avec un pédantisme de demi-savant le bourru et solennel Deschartres, qu’elle pouvait trouver satisfaction à ce besoin toujours croissant en elle d’admiration et d’amour. Elle se sentit bientôt prise d’un dégoût de toutes choses, d’une infinie lassitude de vivre. Cette lassitude fut portée si loin que la jeune fille ne tarda point à être hantée par des pensées de suicide : un jour qu’elle suivait le bord de l’Indre, elle poussa son cheval dans la rivière et, si elle n’eût pas craint que son précepteur ne se noyât en tentant de la sauver, elle se fût laissé entraîner au fil de l’eau.

Le désespoir ne s’était cependant pas bien solidement installé dans son cœur, et il n’aurait fallu autour d’elle que plus de tendresse et de joie vivante pour qu’elle ne le connût jamais. « La douce gaieté de ma cousine