Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/58

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âcrement senti que cervelle en démence ait jamais produit… C’est un cœur, tout saignant, mis à nu, objet d’horreur et de pitié. » (Lettres d’un voyageur, p 124.) George Sand est ici certainement sincère ; Lélia, c’est elle à coup sûr, et Sténio, Trenmor, Pulchérie même, c’est elle encore et elle seule. Le roman tout entier est une œuvre allégorique, un vivant symbole d’une rare et précieuse beauté.

Mais les sentiments qu’incarnent les divers personnages de cette lente et douloureuse tragédie, George Sand, alors qu’elle écrivait son livre, ne faisait que s’en ressouvenir. Ils ressuscitaient en sa pensée, et elle revivait les heures où s’enfuyaient de son âme les lueurs pâlissantes de la foi qui naguère l’avait consolée, les heures qu’elle avait vécues, tristement enfermée dans sa petite chambre de Nohant, tandis qu’arrivait jusqu’à elle parmi les mille rumeurs vagues de l’orgie, le bruit