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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/116

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étaient contraints d’aller chercher de l’eau sur leurs épaules à trois milles de leur cellule. Ils marchaient nu-pieds, et ils étaient si pauvrement vêtus, qu’ils avouèrent à l’abbé Abraham qu’ils auraient eu honte de paraître en cet état devant leurs parents.

Il paraît qu’ils retournèrent à Panéphyse pour y voir l’abbé Pinufe, qui y demeurait. S’étant informés avec grand soin du lieu de sa demeure, ils se rendirent auprès de lui, et en furent reçus avec joie et avec une humilité toute particulière. Il les regarda comme ses anciens compagnons de demeure et de cellule, et voulut en échange leur céder la sienne. Ils y entendirent ces belles instructions qu’il donna en pleine assemblée à un jeune frère qui voulait embrasser la règle de son monastère, et que nous voudrions pouvoir rapporter : et ils furent si touchés des maximes de perfection qu’il y développa, qu’ils avaient presque perdu espérance de pouvoir jamais parvenir à les mettre en pratique. Ce fut ce qui donna occasion à l’abbé Pinufe, à qui ils déclarèrent leur peine, de leur parler de la fin de la pénitence. Ce saint abbé les pressa ensuite beaucoup de s’arrêter dans son monastère ; mais ils s’en excusèrent par le désir qu’ils avaient d’aller au désert de Scété, où la réputation des saints solitaires qui y demeuraient les attirait beaucoup ; ainsi il ne voulut pas davantage s’y opposer.

Ils passèrent donc au désert de Scété après être restés quelques jours au monastère de l’abbé Pinufe, et ils y acquirent une connaissance plus entière de la vie solitaire, qu’ils avaient déjà commencé de pratiquer dans le désert de Diolque. L’abstinence qu’ils y pratiquaient était telle, qu’ils ne regardaient pas un solitaire comme fort sobre lorsqu’il mangeait par jour deux pains chacun de six onces.

Entre les plus célèbres solitaires qu’ils eurent le