Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/121

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rement le titre de phylarque, et ils se donnaient les uns aux Romains, les autres aux Perses, selon qu’on leur faisait meilleur parti.

Quant à leur religion, la longueur du temps et le commerce avec les nations voisines leur firent oublier les traditions qu’Ismaël, dont ils descendaient du moins en partie, avait reçues de son père Abraham et qu’il leur avait transmises.

Il y en eut plusieurs qui, avant l’empire de Valens, embrassèrent la foi chrétienne, par la communication qu’ils avaient avec les prêtres et les solitaires d’alentour, étant touchés par la sainteté de leur vie et les grands miracles qu’ils faisaient. C’est ainsi que saint Hilarion, comme nous le dirons plus au long dans sa vie, en convertit en grand nombre dans la ville d’Éluse, d’où ils ne voulurent point qu’il sortit avant de leur avoir tracé la place d’une église. Zocome, chef d’une de leurs tribus, n’ayant point d’enfants, alla trouver un saint solitaire et lui témoigna son déplaisir. Le solitaire tâcha de le consoler, fit des prières pour lui, et l’assura qu’il aurait un fils s’il voulait croire en Jésus-Christ. Zocome se fit instruire dans la religion, Dieu lui donna l’enfant qu’il désirait, il reçut enfin le saint baptême, et, à son exemple, tous ses sujets se firent chrétiens. Sozomène, qui rapporte ceci, ajoute que cette tribu multiplia extrêmement et se rendit redoutable non-seulement aux autres Sarrasins, mais encore aux Perses.

Ce qui contribua le plus à étendre la foi de Jésus-Christ parmi les Sarrasins, fut la piété de leur reine Marie. Quelques-uns prétendent qu’elle était Romaine d’origine, aussi bien que chrétienne ; et, qu’ayant été prise dans la guerre, le roi des Sarrasins l’avait épousée à cause de ses excellentes qualités. Son mari était allié de l’empire ; mais sa mort mit fin au traité et forma une guerre.