Aller au contenu

Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions, servir à l’avancement de son prochain et au salut de ses frères, et qui ne leur départit pas, avec une plénitude de charité, les paroles de vie qu’il n’a reçues de Dieu que pour les répandre sur les autres, sera châtié d’avoir caché le talent qu’il devait faire profiter selon la parole de l’Évangile. » Ce n’était donc que par un bas sentiment qu’il avait de lui-même, et qui lui faisait croire qu’il était incapable de servir les autres, qu’il se tenait ainsi caché.

Il ne le fut pourtant pas toujours. Dieu voulut le faire connaître à quelques personnes d’alentour qui vinrent le consulter dans leurs doutes ; et les avis qu’elles en reçurent parurent si solides et si remplis de l’esprit de Dieu, que le bruit s’en répandant peu à peu, on avait enfin recours à lui à toute heure ; et sa réputation vola au delà du désert de Sinaï, pour y attirer des personnes séculières de tous les états, qui venaient lui demander des règles de conduite.

Il raconte qu’un jour des séculiers qui avaient peu de soin de leur salut, l’étant venus voir, voulaient excuser leur lâcheté et leur négligence, et lui disaient : « Comment avec nos femmes, et étant enveloppés dans les soins des affaires publiques comme dans des filets qui nous tiennent enlacés, pouvons-nous embrasser la vie solitaire et retirée ? — Mais, dit-il, je leur répondis : « Faites toutes les bonnes œuvres que vous pouvez faire ; ne parlez injurieusement de personne ; ne dérobez point ; ne trompez personne par un mensonge ; ne vous élevez audacieusement contre personne ; ne haïssez personne ; ne manquez point d’assister au service de l’Église ; ayez de la charité et de la compassion pour les pauvres ; ne donnez à personne aucun sujet de scandale ; gardez la fidélité conjugale. Si vous agissez de cette sorte, vous ne serez pas éloignés du royaume des cieux. » C’est ainsi que cet homme, éclairé par l’esprit de Dieu,