Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/147

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Et enfin, sur d’autres accusations, il disait : « Cela est vrai, je n’ai rien à dire là-dessus, mais Dieu est miséricordieux. »

« Certes, continue saint Jean Climaque, ce jugement invisible et si sévère était un spectacle qui causait de l’horreur et de l’effroi ; et ce qu’il y avait de plus terrible, c’est qu’ils l’accusaient même de choses qu’il n’avait point faites. Ô mon Dieu ! si un solitaire et un anachorète déclara qu’il n’avait rien à répondre touchant quelques-uns de ces péchés dont on l’accusait, quoiqu’il eût passé environ quarante ans dans la vie religieuse et solitaire, et qu’il eût le don des larmes, malheur sur moi, malheur sur moi, misérable ! Au reste, quelques-uns m’assurèrent comme une chose très-certaine que, lorsqu’il était dans le désert, il donnait à manger de sa main propre à un léopard. Durant ce compte qu’on lui faisait rendre, son âme se sépara de son corps, ayant laissé entièrement incertain quelle avait été la fin de ce jugement, et la sentence qui avait été prononcée. »

Il y avait encore au mont Sinaï deux solitaires nommés George : l’un frère de saint Jean Climaque, dont nous ne savons que ce que nous en avons dit à la fin de la vie de ce saint ; l’autre dont Jean Mosch raconte un événement miraculeux, et qu’il avait appris de la vénérable Damiane, mère d’Athénogène, évêque de Petra, et parente de l’empereur Maurice, laquelle, étant veuve, s’était consacrée à Dieu dans la solitude. Cette respectable abbesse dit donc à Jean Mosch qu’il y avait au mont Sinaï un vieillard célèbre par sa sainteté et par l’austérité de sa vie, nommé George, et qu’un samedi saint, étant dans sa cellule, il sentit dans son cœur un désir extraordinaire d’être le lendemain à Jérusalem et d’y recevoir les saints mystères dans l’église de la Résurrection. Comme ce pieux désir le pressait beaucoup intérieurement, il se mit à prier