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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/146

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sa pénitence avait été parfaite, et combien elle lui avait été agréable. »

Le même saint, parlant des larmes de la pénitence, rapporte un exemple bien différent du précédent, et qui saisit autant de crainte les solitaires qui en furent témoins, que l’autre les avait consolés. « Rien ne peut, dit-il, nous persuader davantage combien nous avons sujet de pleurer nos fautes par une sincère pénitence, que l’histoire que je m’en vais rapporter. Un religieux, nommé Étienne, qui demeurait en ce lieu et avait passé plusieurs années dans le monastère, s’était rendu éminent par ses jeûnes et ses larmes, et avait enrichi son âme de plusieurs autres vertus. Le désir ardent d’une vie plus solitaire l’avait depuis porté à choisir une cellule au mont Oreb ; mais il passa ensuite au quartier des anachorètes nommé Sidden, dans la vue d’y mener une vie plus austère ; car ce désert, qui est à vingt-trois lieues ou environ du bourg de Sinaï, est dépourvu de toute consolation humaine et presque inaccessible aux autres hommes. Après y avoir pratiqué une très-rigoureuse pénitence, ce bon vieillard revint à sa première cellule du mont Oreb, où il avait avec lui deux disciples de Palestine fort pieux, qui s’y étaient retirés un peu auparavant. Il tomba malade quelque temps après de la maladie dont il mourut. Il eut alors un ravissement d’esprit, et, ayant les yeux ouverts, il regardait à droite et à gauche des deux côtés de son lit, comme s’il eût vu des personnes qui lui faisaient rendre compte de ses actions. Il répondit si haut, que tous ceux qui étaient présents pouvaient l’entendre. Il leur disait tantôt : « Oui, je le confesse, cela est vrai ; mais j’ai jeûné tant d’années pour expier cette faute ; » tantôt il disait : « Cela n’est pas vrai, et vous mentez ; » et tantôt : « Pour cela je le confesse ; mais j’en ai pleuré et j’en ai fait pénitence par plusieurs services que j’ai rendus aux religieux. »