Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/149

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lui dire : « À Dieu ne plaise, mon très-saint père, que j’aie voulu mépriser vos ordres. » À quoi il ajouta : « Je dois vous donner avis que, dans six mois, nous nous rencontrerons ensemble dans l’autre vie devant Jésus-Christ Notre-Seigneur. » Les prêtres députés de Sinaï rendirent cette lettre au patriarche, avec celle de l’évêque de Pharan, par laquelle il lui certifiait qu’il y avait près de soixante-dix ans que George n’était pas sorti de son désert. Cependant le patriarche prenait à témoin les évêques et les clercs qui avaient été présents quand George s’était présenté à la table sacrée, où il avait communié et où tous lui avaient donné le baiser de paix. Enfin la prédiction de George s’accomplit, car au bout de six mois il mourut, et le patriarche aussi ; ce qui arriva vers l’an 546.

Nous avons dit que saint Jean Climaque écrivit son excellent ouvrage de l’Échelle sainte à la sollicitation de Jean, abbé de Raïthe, auquel ce saint donne de grands éloges. Il admire surtout son humilité, en ce qu’étant si capable d’instruire les autres, il s’adressait à lui pour son édification et celle de ses religieux ; et il reconnaît que non-seulement il excellait dans la connaissance des choses saintes, mais encore dans la pratique des vertus.

Le désert de Raïthe était habité par des religieux des plus respectables par leur grand âge et par leurs vertus, lorsqu’il vint s’y consacrer à Dieu. Il y avait des vieillards qui y demeuraient depuis soixante-dix ans, ne vivant que d’herbes et de dattes. Il y passa soixante-seize ans dans les travaux d’une vie austère, et il eut de grands combats à soutenir de la part des démons, qui, jaloux de son éminente vertu, lui déclarèrent une guerre longue et cruelle. Son mérite lui attira si bien la confiance de ses frères, qu’ils voulurent l’avoir pour abbé. Il leur recommandait