Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/150

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principalement de fuir le monde et de réprimer les mauvais désirs par la mortification. Il ne voulait pas qu’ils s’occupassent d’autre affaire que de celle de leur salut. « C’est ici, leur disait-il, une demeure de solitaires, et non pas un lieu de trafic. » Il leur mettait aussi devant les yeux l’exemple des anciens qui les avaient précédés, surtout leur pénitence et leur retraite si rigide. Enfin il leur donnait cet excellent avis, qui devrait être écrit dans tous les monastères et gravé dans le cœur de toutes les personnes religieuses : Prenez garde, mes enfants, à ne pas profaner par vos vices un lieu d’où nos prières ont chassé les démons.

On met parmi les principaux solitaires de Raïthe l’abbé André, qui en fut une des grandes lumières. Sa réputation s’était répandue jusqu’à Antioche, où saint Siméon le Jeune, qui faisait l’admiration de tout l’Orient, donna, dans une rencontre, une marque de la vénération qu’il avait pour sa vertu. Un solitaire, étant possédé du démon, vint à Antioche trouver ce saint pour en être délivré par ses prières. Il lui demanda où il demeurait, et le solitaire lui répondit qu’il était un religieux du monastère de Raïthe. « Je m’étonne, lui dit l’humble Siméon, qu’ayant dans votre monastère des pères si respectables, vous ayez entrepris un si long voyage pour venir à moi, qui ne suis qu’un pécheur. Retournez à Raïthe, et suppliez l’abbé André de prier pour vous. » Le solitaire fit ce que le saint lui avait dit ; il vint se jeter aux pieds d’André, qui pria pour lui et obtint sa délivrance par la ferveur de son oraison. Mais, comme il avait aussi une profonde humilité, bien loin de s’attribuer la gloire de ce miracle, il la renvoya toute à Dieu et aux prières de saint Siméon.

Dieu éclaira d’une lumière surnaturelle le même saint Siméon pour la conversion d’un solitaire de Raïthe