Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/15

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sait en âge, plus il donnait des preuves de sa sagesse, de sa docilité et de sa piété.

À l’âge de dix-huit à vingt ans, ses parents le laissèrent, par leur mort, héritier de leurs biens, qui étaient considérables ; et, six mois après, étant entré dans l’église et ayant entendu lire ces paroles de Jésus-Christ : Si vous voulez être parfait, allez, vendez ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et me suivez (Matth., xix), il regarda cet oracle comme un conseil qui lui était adressé personnellement, et, pour commencer à s’y conformer, il abandonna cent cinquante arpents d’excellente terre qu’il possédait à ceux de son village, et vendit ses meubles dont il donna l’argent aux pauvres, n’en réservant qu’une partie pour une jeune sœur qu’il avait.

Une autre fois, ayant encore ouï réciter ces paroles du Sauveur : Ne soyez pas en peine du lendemain (Matth., vi), il acheva de distribuer aux pauvres ce qui lui restait, mit sa sœur dans un monastère de vierges, et quitta sa maison pour embrasser la vie ascétique.

Les déserts n’étaient pas alors si peuplés qu’ils le furent dans la suite. On voyait seulement quelques pieux chrétiens qui, se proposant d’imiter les fidèles de l’Église naissante, vivaient dans les lieux éloignés du tumulte du monde, s’exerçant à la prière et à la mortification, soit qu’ils demeurassent seuls, soit qu’ils s’unissent quelques-uns et formassent ensemble une espèce de communauté.

Pour ne pas s’engager sans guide dans les routes épineuses de ce nouvel état, Antoine se proposa d’imiter un saint vieillard qui menait depuis sa jeunesse la vie des ascètes. Il visitait aussi les autres solitaires, observant en chacun d’eux la vertu dans laquelle il excellait, afin de la pratiquer lui-même ; et, revenant ensuite dans sa cellule, il y partageait tout son temps entre la prière, la lecture des livres saints et le travail