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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/160

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elle donna le loisir à son mari de lui faire préparer un âne pour lui servir de monture. Dès qu’elle fut à la porte de sa cellule, elle s’écria : « Je vous conjure, serviteur de Jésus-Christ, par la croix de ce très-débonnaire Sauveur et par le sang qu’il a versé pour nous, de venir à Gaze donner la vie à mes enfants, afin que cette ville, livrée aux erreurs du paganisme, en rende gloire à Dieu, et que l’idole de Marnas y soit abattue et Jésus-Christ glorifié. »

Le saint lui représenta qu’il ne quittait pas sa cellule, et que depuis qu’il était dans ce désert il s’était proposé de n’entrer jamais dans aucune ville ni dans aucun village ; mais sa résistance ne fit que rendre l’affligée Aristenète plus pressante. Elle se prosterna en terre, elle insista par ses cris et par ses larmes ; tous ceux qui étaient présents en versaient aussi comme elle : « Rendez-moi mes enfants, lui disait-elle, je vous en conjure ; et que ceux que le grand Antoine a tenus dans ses bras en Égypte me soient conservés en Syrie par votre bénédiction. » De sorte qu’Hilarion, touché lui-même jusqu’aux larmes de l’affliction de cette dame, ne crut pas devoir résister davantage, et lui promit qu’il se rendrait après le soleil couché auprès des malades. Il y fut donc sur le soir, et, ayant invoqué sur chacun d’eux en particulier le nom de Jésus-Christ, ils eurent sur-le-champ une crise si heureuse, qu’ils furent en état de manger, reconnurent leur mère, baisèrent les mains du saint, et se trouvèrent guéris.

Le bruit de cette guérison miraculeuse se répandit aussitôt par tout le pays et les provinces voisines jusqu’en Égypte, et chacun s’empressa de recourir à saint Hilarion. Cela fut cause aussi de la conversion d’un très-grand nombre d’idolâtres, et plusieurs embrassèrent la vie monastique, ce qui donna occasion à bâtir beaucoup de monastères.