Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/166

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part ; mais on ne sait pas s’ils le lui montrèrent, ou s’ils s’en excusèrent sur la défense que le saint leur avait faite de ne le découvrir à personne, de peur que Pergame, homme des plus opulents de ces quartiers-là, ne vînt enlever son corps pour l’emporter chez lui et lui bâtir une chapelle.

Après avoir rendu ses devoirs à la mémoire du grand saint Antoine, et satisfait sur sa montagne sa pieuse curiosité, il retourna à Aphrodite, et ne retint que deux frères auprès de lui. Il s’arrêta avec eux dans un désert proche de là, et, comme s’il n’eût fait que commencer à servir Dieu, il pratiqua l’abstinence et le silence avec une ferveur étonnante. Il goûtait ainsi à son gré les charmes de la solitude, lorsque sa charité le trahit encore, et son humilité l’obligea de s’exiler de nouveau. Il y avait trois ans, depuis la mort de saint Antoine, qu’il n’avait plu ; ce qui faisait dire au peuple que les éléments mêmes en faisaient le deuil. Les habitants, sachant que saint Hilarion demeurait à leur voisinage, coururent à lui comme à l’envi, tant les femmes que les hommes, et le prièrent, comme héritier des vertus du grand Antoine, de leur obtenir la cessation de cette longue sécheresse qui les réduisait tous à la famine. Saint Hilarion ne put entendre leurs lamentations et leurs plaintes sans en être touché ; il leva les yeux et les mains au ciel pour demander à Dieu la pluie dont ils avaient besoin, et aussitôt elle tomba en abondance. Ce miracle fut bientôt suivi d’un second, qui ne contribua pas moins à manifester le grand crédit qu’il avait auprès de Dieu ; car la terre, ainsi arrosée par la pluie, produisit une grande quantité de serpents et d’autres bêtes venimeuses, dont beaucoup de personnes furent piquées ; mais le saint, à qui ils eurent de nouveau recours, bénit de l’huile qu’il leur donna, et qui guérissait aussitôt leurs plaies.