Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/165

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mes enfants répandu. » On jugea, en l’entendant parler ainsi, que Dieu lui avait révélé quelque secret qu’il ne voulait pas divulguer, et on ne se trompait pas, comme on le verra dans la suite. On persista pourtant à le garder ; mais il protesta hautement qu’il ne prendrait aucune nourriture qu’on ne l’eût laissé en liberté. En effet, il fut sept jours sans manger ni boire, et on fut forcé de le laisser partir. Un peuple innombrable l’accompagna jusqu’à Béthénie, bourg dépendant de Gaze, dont nous aurons occasion de parler bientôt. Là il congédia cette troupe, et ne choisit pour l’accompagner que quarante solitaires qui portaient de quoi se nourrir, et qui étaient assez robustes pour soutenir le jeûne, malgré les fatigues du voyage, et ne manger qu’après le coucher du soleil, selon l’usage.

Il arriva le cinquième jour à Peluse, où il visita les solitaires du voisinage et du désert de Lychnos. Il se rendit aussi auprès des évêques Draconce et Phylon, qui étaient exilés par les ariens pour la cause de la foi, le premier à Theubate, et le second à Babylone, et sa présence consola merveilleusement ces deux serviteurs de Jésus-Christ. De Babylone il alla à Aphrodite, où il déclara au diacre Baïsan et aux autres solitaires du lieu, qu’il se hâtait de se rendre à la montagne de saint Antoine pour y célébrer le jour anniversaire de sa mort.

Il y arriva en trois jours avec beaucoup de fatigues. Isaac et Pélusien, qui avaient été les disciples de saint Antoine, et dont le premier lui avait servi d’interprète, lui racontèrent les particularités de la vie qu’il avait menée, et lui montrèrent son petit jardin, l’endroit où il avait accoutumé de prier, l’étroite cellule où il couchait, et jusqu’aux instruments dont il se servait pour le travail. Hilarion désira de voir l’endroit où on l’avait enterré. À cette demande, ils le prirent à