Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/168

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en conséquence, après avoir détruit son monastère, ils le cherchèrent partout, et vinrent, comme nous l’avons dit, jusqu’au monastère de Bruchion ; mais, l’ayant manqué, ils se dirent l’un à l’autre : « On nous l’a bien dit que c’est un magicien, et qu’il connaît l’avenir. »

On comprit aussi alors ce que le saint avait prédit lorsqu’il quitta la Palestine : qu’il ne pouvait voir les églises renversées, les autels foulés aux pieds, et le sang de ses enfants répandu ; car les habitants de Gaze, ne consultant plus que leur rage contre les chrétiens, sous un prince dont on secondait les désirs en les maltraitant, exercèrent contre eux des cruautés étranges. Après avoir brûlé l’église qu’ils avaient dans leur ville, mis en pièces plusieurs chrétiens, et contraint d’autres à s’enfuir, entre lesquels se trouva le grand-père de l’historien Sozomène, que saint Hilarion avait converti avec plusieurs autres de ses parents, ils commirent des cruautés plus monstrueuses encore que les premières : car ils ouvrirent le ventre à des prêtres et à des vierges consacrées à Jésus-Christ, mirent leurs entrailles à nu, les remplirent d’eau, et se donnèrent l’horrible divertissement de faire manger l’un et l’autre ensemble par les pourceaux, comme firent aussi les païens d’Ascalon.

Cependant saint Hilarion se sauva de Bruchion dans le désert d’Oasis par des détours qui n’étaient pas pratiqués, et y demeura un an. Adrien, du nombre de ses disciples, arrivé de Palestine, lui donna la nouvelle de la mort de Julien, tué dans la poursuite des Perses, et que Jovien, prince très-catholique, lui avait succédé. Il voulut le presser de retourner en Palestine ; mais le saint avait formé un autre dessein. Voyant que sa réputation le suivait partout, et qu’il commençait à être connu et honoré dans