Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/169

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l’Oasis comme en Orient, il prit le parti de passer la mer et de se retirer dans quelque île, ne pouvant, comme il le souhaitait, vivre inconnu dans la terre ferme.

Il loua pour cela un chameau, et vint à Parétoine, où il s’embarqua avec un autre disciple, nommé Zanan ou Gazan, et passa en Sicile. Comme ils étaient en pleine mer, il délivra le fils du patron du navire, que le démon avait saisi.

Étant arrivé à Pachya, promontoire de la Sicile, il offrit le livre des Évangiles qu’il avait écrit de sa main, étant jeune, au patron, qui le refusa constamment, voyant surtout que lui et son disciple n’avaient que ce livre et l’habit qu’ils portaient. Le saint tressaillit de joie de ne posséder rien de ce monde et d’être regardé par les habitants du lieu comme un mendiant ; mais, craignant toujours d’être reconnu par les marchands qui venaient d’Orient s’il s’arrêtait sur les côtes de l’île, il s’avança dans le pays à six à sept lieues de la mer, dans un lieu désert, où il faisait chaque jour un fagot que son disciple allait vendre dans les villages pour en avoir du pain.

« Mais, dit saint Jérôme, la ville, selon la parole de Jésus-Christ, qui est bâtie sur une montagne, ne peut demeurer cachée, et il en fut de même du serviteur de Dieu. » Un écuyer ou armurier, étant à Rome possédé du démon, s’écria dans l’église Saint-Pierre : « Hilarion, serviteur de Jésus-Christ, est entré depuis peu de jours en Sicile ; personne ne le connaît encore, et il se flatte d’y demeurer caché ; mais j’irai, et je le ferai bien connaître. » Il partit avec ses valets, traversa la mer, se rendit à Pachya, et, le démon dont il était possédé le menant droit à la porte de sa pauvre cellule, il s’y prosterna et fut délivré sur-le-champ.

Ce premier miracle qu’il fit en Sicile attira aussitôt