Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/170

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auprès de lui une multitude prodigieuse de malades et de gens de piété, les uns pour être guéris, les autres pour s’édifier. Du nombre des premiers fut un des principaux du pays, qui recouvra la santé par ses prières le même jour qu’il vint le voir. Comme il était fort riche, il voulut lui faire des présents qui répondaient à son opulence ; mais saint Hilarion, en les refusant, lui dit ces paroles de Jésus-Christ à ses disciples : Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. (Matth., x.)

Il devint célèbre en Sicile autant qu’il l’avait été en Palestine, et dans ces entrefaites, Hésyque, son disciple favori, le cherchait partout et parcourait tous les déserts, dans l’espérance qu’en quelque endroit qu’il se fût retiré il ne demeurerait pas caché, et qu’il pourrait par là découvrir le lieu de sa retraite. Il ne se trompa point ; car, après trois ans de recherches, un Juif qui faisait le métier de fripier dans Méthone, aujourd’hui Modon, dans la Morée, lut dit qu’il avait paru en Sicile un prophète des chrétiens qui faisait tant de miracles, qu’on le tenait pour un des saints de l’antiquité. Hésyque voulut l’interroger sur son habit, sa taille, la langue qu’il parlait, et principalement sur l’âge qu’il avait ; mais il ne lui en sut rien dire, parce qu’il ne lui en parlait que sur le bruit public. Cela suffit pourtant à Hésyque pour le déterminer à passer en Sicile, où tout le monde lui parla d’abord de ses prodiges ; et surtout on lui rapporta avec admiration que, faisant un si grand nombre de miracles, il n’avait jamais voulu rien prendre de personne, pas même un morceau de pain. Il ne lui fut pas difficile de trouver sa cellule, où l’affluence seule du monde qui y abordait suffisait pour la lui faire connaître. Aussitôt qu’il vit saint Hilarion, il se jeta à ses pieds avec une joie inexprimable, et les arrosa de ses larmes. Il apprit ensuite de Zanan que le saint avait résolu encore de s’enfuir dans quelque