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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/173

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avait point de chrétiens, et dont les habitants étaient des plus barbares, se flattant qu’il y serait plus caché que partout ailleurs. Mais Hésyque, ayant parcouru divers endroits de l’île, lui en trouva un qui parut très-propre au désir qu’il avait de se cacher. Il était à quatre lieues de la mer, environné de montagnes qu’on ne pouvait traverser qu’en grimpant avec beaucoup de danger et de peine, et, outre cela, il y avait quantité d’arbres extrêmement touffus qui en dérobaient la vue. Quand Hésyque eut fait cette découverte, il lui en vint donner avis, et lui persuada de s’y fixer. Le saint alla reconnaître le lieu, et après avoir franchi les montagnes, qu’il trouva d’autant plus à son gré qu’elles lui paraissaient plus rudes, il découvrit un petit jardin arrosé par une eau vive qui descendait d’une colline, et plusieurs arbres fruitiers.

Il s’arrêta en ce lieu. Sozomène dit que ce fut à la persuasion de l’évêque de Chypre, qui était sans doute saint Épiphane, et que ce lieu s’appelait Carburin. Saint Hilarion avait connu ce saint prélat durant son séjour dans la Palestine, où, avant qu’il fût fait évêque, il avait professé la vie monastique ; et nous devons rapporter à ce dernier séjour qu’il fit dans cette île ce que nous lisons dans le Recueil des paroles et des actions remarquables des Pères des déserts, savoir, que saint Épiphane envoya un jour prier l’abbé Hilarion de le venir voir, afin de s’entretenir ensemble avant que la mort les séparât. Saint Hilarion étant venu, comme ils étaient à table, on leur présenta quelques oiseaux ; et saint Épiphane lui en ayant servi, ce saint lui dit : « Excusez-moi, mon père ; depuis que je porte l’habit de solitaire je n’ai rien mangé qui ait eu vie. » Saint Épiphane repartit : « Et moi, depuis que je porte le même habit, je n’ai jamais souffert que personne s’endormît ayant quelque chose sur le cœur contre moi, comme je ne me suis aussi jamais endormi ayant quel-