Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/176

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reliques du saint, il les enleva au péril de sa vie, et les porta à Majuma en Palestine, et de là à son ancien monastère. Cette seconde translation se fit avec pompe. Tous les solitaires et les peuples des environs accompagnèrent le saint corps, qui était aussi entier que s’il eût été vivant, et rendait même une si agréable odeur, qu’on eût dit qu’il avait été embaumé avec les plus excellents parfums ; ses habits aussi étaient dans le même état que lorsqu’il mourut, quoiqu’ils eussent resté au moins un an dans la terre : ainsi Hésyque put recueillir, en les retenant, l’héritage que le saint lui avait laissé, ce qu’il avait prévu sans doute en le lui marquant dans sa lettre.

Constance, cette pieuse dame dont saint Hilarion avait guéri le gendre et la fille, comme nous l’avons dit, avait accoutumé de veiller à son sépulcre, et de lui parler, en implorant le secours de ses prières, comme s’il eût été présent. Quand elle apprit qu’Hésyque avait enlevé son corps, elle en mourut de douleur. Si les habitants de Chypre furent privés de ce sacré dépôt, ils se glorifièrent d’avoir toujours part à sa protection ; ainsi ils prétendirent avoir son esprit, tandis que ceux de Palestine possédaient son corps. Dieu approuva leur zèle pour la vénération du saint. Il ne se faisait pas moins de miracles en Chypre, par son intercession, qu’en Palestine. Saint Jérôme dit que de son temps il s’en faisait tous les jours, surtout dans le jardin où il avait d’abord été enterré, à cause peut-être qu’il s’était plu en ce lieu plus qu’en aucun autre.

Quant à Hésyque, il passa le reste de ses jours auprès du corps de saint Hilarion, dans les ruines de l’ancien monastère, et y vécut en parfait religieux.