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Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/184

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obligé de quitter sa profession de moine. Il alla ensuite à Constantinople voir saint Grégoire de Nazianze, sous lequel, comme il le témoignait lui-même, il étudia l’Écriture sainte, et apprit la manière de la bien expliquer. Saint Grégoire ayant quitté la ville impériale, notre saint retourna à Jérusalem ; ensuite il fit avec saint Paulin et saint Épiphane le voyage de Rome, où le pape saint Damase avait convoqué un concile. Ce saint pontife le retint auprès de lui lorsque saint Paulin et saint Épiphane retournèrent chez eux, dans l’intention de s’en servir pour écrire des lettres et répondre aux différentes consultations des Églises.

Parmi ces grandes occupations saint Jérôme menait la vie d’un parfait religieux, et attirait sur lui tous les regards des personnes distinguées par leur rang et par leur piété. Sa réputation l’avait annoncé depuis longtemps dans cette capitale du monde, sa présence confirma tout ce qu’elle en avait publié d’avantageux. La sainteté de ses mœurs, son humilité, son genre de vie austère, tout cela, joint à son éloquence et aux grandes lumières qu’il avait acquises dans les saintes Écritures, lui concilia l’estime et l’affection de tous ceux qui pouvaient juger du vrai mérite. Il en profita pour porter plusieurs personnes de qualité à embrasser la perfection de la vie religieuse. Il eut aussi pour écolières dans les saintes lettres sainte Paule et beaucoup d’autres dames romaines, qui devinrent, sous sa direction, des modèles de sainteté.

Mais tandis qu’il était en si grande réputation, qu’on ne parlait de lui, soit à Rome, soit dans les provinces de l’empire, que dans des transports d’admiration, il se forma peu à peu contre lui une persécution de la part de quelques membres du clergé de Rome, qu’une basse jalousie anima, parce que sa vertu trop éclatante