Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/185

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était la censure de leur conduite trop peu réglée. Cela, joint à son inclination pour le repos de la solitude, le détermina, après la mort de saint Damase, à retourner en Palestine avec son frère Paulinien, plus jeune que lui de trente ans, et il arriva à Jérusalem dans le fort de l’hiver. Il en repartit au printemps pour aller en Égypte visiter les saints solitaires. Il vit entre autres à Alexandrie le fameux Didyme. Enfin, de retour en Palestine, il se fixa à Bethléem pour n’en plus sortir. Sainte Paule, accompagnée de sa fille Eustoquie, s’y était déjà rendue. Elle y bâtit deux grands monastères, l’un pour des hommes, où saint Jérôme se retira, l’autre pour les personnes de son sexe. Le saint eut la direction de l’un de l’autre. Nous n’entrerons pas ici dans le détail de ses occupations ; il suffit de dire en général que tout son temps fut partagé entre les pratiques de charité et les ouvrages qu’il composa pour le service de l’Église, et qu’on peut appeler des travaux immenses, soit pour l’intelligence de l’Écriture sainte, soit pour combattre diverses hérésies qui s’élevèrent dans son temps, soit pour différentes apologies qu’il fut obligé de faire à l’occasion des persécutions qu’il eut à souffrir de la part de quelques hérétiques. Il ne crut pas, dans ces travaux si pénibles, devoir modérer ses austérités. Il vivait toujours dans la pénitence monastique, et la vigueur de son esprit, qu’il conserva tout entière, suppléait à la faiblesse de son corps, épuisé par les jeûnes et usé par les années.

La piété attirait de tous les pays du monde un grand nombre de pèlerins aux saints lieux, particulièrement des religieux. Cela augmenta encore depuis la prise et le pillage de Rome par les Goths, plusieurs venant chercher des asiles jusqu’en Palestine. Cette affluence considérable d’étrangers l’obligea à agrandir son monastère pour y recevoir plus de monde. Il envoya son