Page:Marin - Vies choisies des Pères des déserts d'Orient, 1861.djvu/203

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et périssables de la terre. « J’ai tout donné, dit-il en un endroit, à Celui qui m’a reçu et conservé pour son partage. Je lui ai consacré mes biens, ma gloire, ma santé et le talent de la parole que je pouvais avoir ; et tout le fruit que j’ai tiré de ces avantages a été de les mépriser, et d’avoir quelque chose à quoi je pusse préférer Jésus-Christ. » Dès lors il n’aima plus rien de toutes les grandeurs et les douceurs de la terre. L’assaisonnement de sa table était de gros pain, un peu de sel et d’eau ; et il estimait plus cette vie pauvre et pénitente, que toutes les délices et l’abondance des personnes les plus élevées dans le monde.

Ceci nous montre que, tant lui que saint Basile, embrassèrent alors la vie des ascètes ; mais ils ne demeuraient pas ensemble, quoiqu’ils l’eussent bien désiré, parce que saint Grégoire était obligé de remplir auprès de son père et de sa mère les devoirs que la nature l’obligeait de leur rendre. Ainsi saint Basile entreprit quelques voyages qu’il jugea conformes au but qu’il s’était proposé de se consacrer à Dieu sans réserve, et parcourait pour cela la Mésopotamie, la Célésyrie, la Palestine et l’Égypte. Il visita les saints solitaires de ces contrées, et admira leur vie austère et laborieuse, ainsi que leur ferveur et leur application à la prière. Il était étonné de voir qu’invincibles au sommeil et aux autres nécessités de la nature, dans la faim, la soif, le froid, la nudité, sans vouloir recevoir le moindre soulagement, comme si leur corps leur fût étranger, ils tenaient pourtant toujours leur esprit libre et élevé vers Dieu, montrant par leur conduite comment on peut sur la terre se regarder comme citoyen du ciel.

Il y a apparence que saint Basile se trouva dans Alexandrie quand l’impie George, cet arien furieux, y persécutait si étrangement les catholiques et les dis-